Imaginez un instant : vous êtes journaliste, et sans prévenir, vous êtes ajouté à une conversation privée sur Signal. Une conversation où des hauts responsables américains discutent d’une opération militaire secrète au Yémen. Vous pensez à une mauvaise blague? Malheureusement, ce n’en est pas une. Ce qui devait rester une discussion classifiée entre les plus grandes têtes de la sécurité nationale américaine s’est transformé en scandale. Et ce n’est pas tout, car quelques jours plus tard, une enquête révèle que les données personnelles de ces mêmes responsables sont en circulation libre sur internet et donc, exposé sur le Dark Web.
Bienvenue dans l’univers fascinant — et inquiétant — de la cybersécurité version 2025.
Quand Signal devient un haut-parleur
Premièrement, le 25 mars dernier, La Presse rapportait une situation pour le moins insolite. Celle où le journaliste Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du média The Atlantic, a été ajouté par erreur à un groupe de discussion sur l’application Signal.
Par contre, ce groupe ne réunissait pas n’importe qui, car on y retrouvait entre autres le vice-président J.D. Vance, le chef du Pentagone Pete Hegseth, la directrice du renseignement Tulsi Gabbard et plusieurs autres figures clés du gouvernement Trump. Sujet de la conversation? Une frappe imminente contre les rebelles Houthis au Yémen.
Goldberg, étonné, découvre dans cette discussion des détails sensibles tels qu’un plan d’attaque, des cibles identifiées, des commentaires peu flatteurs sur les alliés européens… Le tout documenté dans un article publié quelques jours plus tard dans The Atlantic.
Du côté de la Maison-Blanche, la réaction est calme. Le président américain évoque un « pépin sans gravité » et son conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz assume l’erreur. Il explique qu’il aurait confondu les numéros dans ses contacts. La directrice du renseignement et le directeur de la CIA assurent qu’aucune information classifiée n’a été transmise.
Mais le mal est fait. Et pour les experts en cybersécurité, cette situation met en lumière une réalité bien plus vaste : l’humain reste le maillon faible du numérique.
Deuxième onde de choc : les données personnelles exposées
Deuxièmement, le lendemain, une nouvelle bombe éclate. Cette fois, elle vient d’Allemagne. Le magazine Der Spiegel révèle avoir trouvé sur internet les données personnelles de plusieurs des responsables impliqués dans la conversation Signal : numéros de téléphone, courriels, et même des mots de passe.
Ces informations ont été dénichées via des moteurs de recherche commerciaux et des bases de données piratées. Certaines données étaient directement reliées à des profils actifs sur LinkedIn, Instagram, WhatsApp, Signal, Dropbox, ou des apps de localisation.
Et ce n’était pas de vieilles traces : plusieurs adresses et numéros étaient encore utilisés au moment de la publication de l’article. Selon Der Spiegel, il est même « envisageable » que ces failles aient permis à des services étrangers d’espionner des échanges sensibles… y compris ceux liés à l’attaque au Yémen.
En réponse, un porte-parole a précisé que certains mots de passe avaient été modifiés depuis 2019. Mais l’affaire met en lumière un problème encore plus vaste : nos identifiants numériques sont partout — souvent là où on les oublie.
Le Dark Web, grand gagnant silencieux
Quand des données de cette nature se retrouvent en ligne, elles n’y restent jamais seules très longtemps. Elles se font aspirer, colliger, revendre, et finissent leur course là où les regards ne vont jamais : dans les profondeurs du dark web.
Le dark web, c’est cette portion cachée de l’internet où se côtoient forums clandestins, bases de données volées, identités à vendre et outils de piratage. Ce n’est pas un mythe : des centaines de millions de comptes, mots de passe, numéros de téléphone et informations personnelles y circulent — et la fuite récente des responsables américains ne fait qu’alimenter ce flot.
Il suffit d’un mot de passe réutilisé ou d’un courriel pour qu’un acteur malveillant puisse :
- Cibler un compte sensible avec un logiciel espion
- Usurper une identité pour infiltrer un système
- Monter une campagne de phishing ultra-ciblée
La connexion entre la bourde Signal et la fuite de données personnelles est inquiétante : un faux pas humain combiné à des traces numériques mal gérées peut avoir des conséquences explosives.
Et chez vous, c’est comment?
On pourrait croire que ce genre d’incident ne concerne que les gouvernements, mais en réalité, chaque organisation, petite ou grande, court les mêmes risques. Les méthodes utilisées par Der Spiegel pour accéder aux données? Elles sont accessibles à n’importe qui.
Chez Mon Technicien, on voit souvent ce scénario : des comptes personnels utilisés à des fins professionnelles, des mots de passe inchangés depuis 2017 ou encore des accès trop larges laissés à d’anciens employés. En conclusion, il ne faut pas être une cible de haute valeur pour se retrouver dans le viseur d’un cybercriminel, car il ne sufit d’une erreur humaine pour tout déclencher.
Voici quelques bonnes pratiques à garder en tête :
- Activez l’authentification multifacteur (MFA)
- Utilisez un gestionnaire de mots de passe
- Séparez vos usages professionnels et personnelles
- Faites des vérifications régulières sur les fuites connues (Have I Been Pwned et Mozilla Monitor, par exemple)
- Formez vos équipes. Pas une fois. Souvent.
Pas besoin d’un James Bond pour tout compromettre
Bref, la plus grande leçon de cette histoire est que ce n’est pas toujours la technologie qui peut faillir, ça peut aussi être son utilisation. Signal est chiffré, puissant, fiable. Mais aucune application n’est à l’abri d’un doigt qui glisse sur le mauvais contact.
Et une fois que les données personnelles de ceux qui prennent les décisions d’un pays se retrouvent sur le dark web, c’est un tout autre niveau de risque qui s’ouvre. Parfois, il suffit d’un groupe Signal mal configuré et de mots de passe recyclés.
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